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Du Mésolithique au Moyen Âge : découvertes archéologiques à Ergué-Gabéric

Du Mésolithique au Moyen Âge : découvertes archéologiques à Ergué-Gabéric

Du Mésolithique au Moyen Âge : découvertes archéologiques à Ergué-Gabéric Au lieu-dit Parc al Lann à Ergué-Gabéric, les archéologues de l’Inrap mènent une fouille préventive sur 6 hectares, en amont d’un projet d’aménagement par Quimper communauté.
Le 25/07/2016 • Mis à jour le 08/08/2016 | 15h59

Au lieu-dit Parc al Lann à Ergué-Gabéric, les archéologues de l’Inrap mènent une fouille préventive sur 6 hectares, en amont d’un projet d’aménagement par Quimper communauté.

Le site occupe une situation privilégiée avec une vue à 180 degrés sur un fond de vallée et les hommes s’y sont naturellement installé depuis des millénaires.

Prescrite par le service régional de l’Archéologie (Drac Bretagne) suite à un diagnostic en 2015, la fouille en cours a d’ores et déjà livré d’importantes découvertes, de la Préhistoire au Moyen Âge.

Son objectif est de recenser et prélever un maximum d’informations concernant les vestiges mis au jour, afin de comprendre les différentes occupations qui se sont succédé sur le site. Une fois la fouille achevée, en août, les études des spécialistes se poursuivront en laboratoire.

Les premiers résultats seront présentés au public dans le cadre d’une conférence à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine en septembre.

Une halte pour les derniers chasseurs-cueilleurs

La première trace d’occupation du site est attribuable au premier Mésolithique (IXème - VIIIème millénaires avant notre ère) et correspond sans doute à des haltes de chasse établies le long d’un vallon.

Les vestiges, fugaces, sont des objets en pierre liés au débitage du silex pour la fabrication d’outils : d’étroites lamelles, des nucléus (galets de silex
débités), ainsi que quelques restes de taille (éclats, cassons, etc).

Plusieurs galets allongés, dont certains présentent des traces de percussion, proviennent, comme le silex, de la baie d’Audierne, à plus de 30 kms à vol d’oiseau. Une petite pointe de flèche (microlithe) a également été découverte.

Des éleveurs du Néolithique

Après quelques millénaires d’abandon, le site est investi au Néolithique
par une communauté d’agriculteurs et d’éleveurs. Les vestiges d’un bâtiment rectangulaire, mesurant près de 17 mètres de long sur 6,4 mètres de large, correspondent à huit trous, destinés à supporter les poteaux de son ossature.

Certains trous de poteau mesurent jusqu’à un mètre de diamètre pour autant de profondeur. À proximité, deux autres pourraient correspondre à un appentis s’appuyant sur le bâtiment principal.

L’étude du mobilier céramique et lithique découvert dans le comblement des poteaux, ainsi que des datations C14 sur charbons de bois, permettront de caler avec plus de précision la période d’utilisation du bâtiment.

Une occupation importante aux âges des Métaux

Les vestiges les plus significatifs datent de l’âge du Bronze (entre 2200 et 800 avant notre ère). Au centre des fouilles, plusieurs concentrations de trous de poteaux ont été repérées.

Même si aucun plan de bâtiment n’a encore été identifié, en raison de la difficile lecture du terrain dans cette zone, il s’agit probablement des vestiges de plusieurs habitations.

Un réseau de fossés, délimitant des parcelles, quadrille le site. Il se caractérise par un tracé sinueux et complexe que l’on suit sur des centaines de mètres avec parfois des interruptions ménageant des entrées dans les enclos. Deux grands fossés parallèles, avec un profil en V, sont particulièrement remarquables.

Distants de 9 m, leur tracé s’étend sur plusieurs dizaines de mètres avant de se poursuivre hors de l’emprise de la fouille.

Les études ultérieures permettront de mieux comprendre l’évolution chronologique, difficile à apprécier à l’heure actuelle, de ce réseau de fossés entre l’âge du Bronze et l’âge du Fer.

Autres vestiges de la Protohistoire, deux petits bâtiments de plan quadrangulaire pourraient correspondre à des ateliers. A proximité, les archéologues ont découvert dans des fosses des objets liés à des activités domestiques (plusieurs pots en céramiques dont deux vases de stockage) et artisanales : des objets pour le tissage (une fusaïole discoïde et un peson en céramique) et un outil de métallurgiste en pierre.

Un modeste dépôt de deux haches à douille du premier âge du Fer a également été mis au jour.

Deux nécropoles à 3000 ans d’intervalle

Neuf tombes composent une petite nécropole de l’âge du Bronze (entre 1900 et 1700 avant notre ère). Elles mesurent en moyenne 3 mètres de long, sauf une, réservée à un enfant. Le défunt y était inhumé dans un cercueil en bois puis la fosse était signalée par un petit monticule de terre.

Fait assez remarquable pour cette période, trois tombes contenaient du mobilier : deux ont livré un petit vase en céramique. Dans la dernière, le viatique se compose d’un vase biconique à trois anses, d’un poignard en bronze à rivets et d’un silex taillé. Cette nécropole est à mettre en relation avec les maisons de l’âge du Bronze ; selon toute vraisemblance, il pourrait s’agir du cimetière destiné aux familles ayant vécu sur le site à cette période.

Au haut Moyen Âge (entre le VIIIème et le XIème siècle), le site est réoccupé comme cimetière. Une trentaine de tombes en fosse correspond sans doute à la limite occidentale d’un espace funéraire qui doit s’étendre à l’est, hors de l’emprise de fouille.

Toutes orientées est-ouest, les sépultures, de diverses tailles, ne présentent aucun aménagement. Elles sont vides de mobilier ou de restes osseux.

L’Inrap

Avec plus de 2 000 collaborateurs et chercheurs, l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise la majorité des diagnostics archéologiques et des fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics : soit près de 2 000 chantiers par an, en France métropolitaine et dans les Dom. Ses missions s’étendent à l’exploitation scientifique des résultats et à la diffusion de la connaissance archéologique au public.